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mardi 27 mai 2008

Les centres de données polluent déjà plus que l’Argentine

Les centres de traitement de données (data centers) qui se multiplient dans le monde produisent déjà davantage d’émissions de CO2 que l’Argentine ou les Pays-Bas, selon une étude-choc du cabinet McKinsey et de l’Uptime Institute, un institut spécialisé dans les centres de données.

30% des serveurs ne servent à rien, les capacités sont surdimensionnées, la température bien plus froide que nécessaire… Si la gestion des centres n’est pas radicalement améliorée, leurs émissions quadrupleront d’ici 2020, et dépasseront celles des avions.

Actuellement, les centres de données, ces vastes hangars réfrigérés où sont alignés des milliers de serveurs (ordinateurs à grande capacité), abritent déjà plus de 30 millions de serveurs dans le monde et leur nombre devrait atteindre 41 à 43 millions en 2010. Aux Etats-Unis, leur nombre croît de 13% par an et devrait atteindre 15 millions en 2010. Leur augmentation est bien plus rapide par exemple en Chine.

Les grandes entreprises multiplient les méga-projets de plusieurs centaines de millions de dollars, comme IBM, Google, ATT, Citibank, HP, Microsoft et Facebook. Plus généralement, 90% des grandes entreprises comptent agrandir leurs centres de données dans les trois ans.

Pourtant, McKinsey estime que 30% de ces serveurs sont « morts » (jamais utilisés, même aux heures de pointe) et qu’en moyenne 56% seulement des capacités des centres sont réellement utilisées.

Les centres, typiquement de 10.000 ou 20.000 serveurs, coûtent très cher en électricité : leur facture énergétique croît de 16% par an, et devrait passer de 6,5 milliards de dollars en 2004 à 9,3 milliards en 2008, 10,6 milliards en 2009 et 11,5 milliards en 2010. Grosso modo, les centres représentent un quart des dépenses IT des grandes entreprises

Et leurs émissions augmentent tout aussi vite : en 2007, elles se sont élevées à 170 millions de tonnes de CO2, soit 0,3% des émissions mondiales, contre 0,6% pour les transports aériens, 0,9% pour les transports par bateaux et 1% pour les aciéries.

C’est davantage que les émissions de l’Argentine (142 millions de tonnes de CO2 émises), des Pays-Bas (146 millions de tonnes) et presque autant que la Malaisie (178 millions de tonnes).

A titre de comparaison, un data center moyen consomme autant d’électricité que 25.000 logements.

La consommation d’énergie des centres a doublé entre 2000 et 2006, et l’énergie supplémentaire dont auront besoin les nouveaux centres de données aux Etats-Unis entre 2008 et 2010 représentera l’équivalent de 10 centrales électriques moyennes.

Leur consommation d’énergie va d’ailleurs croître plus vite que le nombre de serveurs. Et sauf réforme radicale de leur gestion, leurs émissions vont quadrupler d’ici 2020, passant de 170 millions de tonnes en 2007 à 670 millions en 2020 (+11% par an), dépassant celles des avions.

Pour « révolutionner » la gestion des centres, particulièrement inefficace selon McKinsey, l’étude propose d’éliminer tous les serveurs morts, d’installer les centres dans les régions froides (ce que font actuellement de plus en plus d’entreprises qui optent pour l’Islande ou même la Sibérie), de choisir des modes de refroidissement plus économes que l’air réfrigéré (l’eau, par exemple), de relever des températures inutilement trop froides, de choisir des sources d’énergie plus propres, etc. Et de nommer un "responsable énergie" chargé de surveiller les dépenses des centres, car jusqu’ici les directions financières ne s’en mêlent jamais.

Autre élément qui peut vite améliorer la situation : la virtualisation des serveurs (l’installation de logiciels permettant d’utiliser n’importe quel serveur libre) permettrait de diminuer leur nombre de 65%.

Il est à la portée de toutes les entreprises, affirme McKinsey, exemples à l’appui, de doubler l’efficacité énergétique de leurs centres. Pour cela, il propose un nouvel outil de mesure de l’efficacité des centres, qui met en rapport la consommation d’énergie et le taux d’utilisation du centre.

- Téléchargez l'intégralité de l'étude
Sur le même sujet: "Les nuisances insoupçonnées de l'industrie informatique", par Harold Esche, responsable des technologies de l’information de l’université canadienne de Calgary.

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