Retrouvez nous sur GreenUnivers, la référence du Green Business

Etudes, analyses, statistiques et avis d'experts internationaux sur les marchés de l'environnement
et des technologies vertes, ou "greentech"

jeudi 22 mai 2008

Avis d'expert : pour le climat, tout se jouera en Chine


La Chine, bientôt ou déjà plus gros pays émetteur de CO2 du monde, possède aussi le plus impressionnant potentiel mondial d’énergies renouvelables, grâce à son soleil, ses déserts, au vent et à ses barrages qui se multiplient.

Le pays prévoit grand dans ce domaine, mais il faudra l’aider à financer ces énergies propres, presse Eberhard Rhein, analyste de l’European Policy Centre, un think tank de Bruxelles, après les récentes réunions UE-Chine à Pékin, largement consacrées au climat.

"Si ce n’est déjà fait, comme l’affirment plusieurs études, la Chine va dépasser les Etats-Unis comme premier pays émetteur de CO2, conséquence de son boom économique, alors que les émissions des Etats-Unis se stabilisent.

La Chine et les USA produisent déjà 40% du CO2 mondial. La Chine n’a donc pas le choix, et a annoncé en 2004 vouloir en 2020 que 15% de sa consommation d’énergie provienne d’énergies renouvelables. Presqu’autant que les 20% que s’est fixé l’Union européenne.

Il lui faudra pour cela d’énormes investissements : 100 milliards d’euros par an entre 2008 et 2020.

Ses réserves nationales de charbon devraient suffire à satisfaire sa demande intérieure pour les prochaines 50 années. Mais le pays est déjà importateur net de charbon. Et au vu de ses faibles ressources en gaz et en pétrole, Pékin est obsédé par le spectre de l’augmentation de sa dépendance énergétique – comme les Etats-Unis et l’UE.

Elle est en revanche très bien pourvue en énergies renouvelables. Voici une estimation du potentiel de ses trois principales ressources:
• Solaire 1000 TW (Terawatts)
• Eolien :1 TW
• Hydro-électricité: 0,7 TW

Son énorme potentiel solaire suffirait à satisfaire ses besoins énergétiques pour l’éternité avec plus de 2.200 heures de soleil par an dans les deux-tiers de son territoire, dont d’énormes étendues désertiques.

Mais elle ne prévoit pas pour l’énergie solaire d’investissements à grande échelle, en raison des problèmes de stockage, qui ne sont toujours pas résolus, et d’une moindre grande expérience technologique que dans l’éolien et l’hydroélectrique.
Dans le futur proche, la Chine va plutôt se concentrer sur l’éolien et l’hydro-électricité, dont elle maîtrise bien la technologie.

Ses réserves hydro-électriques sont plus importantes que celles d’aucun autre pays. Les barrages, grands et petits, se multiplieront dans les prochaines années.
La fonte prévisible des glaciers de l’Himalaya dans les décennies à venir forcera la Chine (tout comme l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh) à remplacer au maximum les stockages naturels que fournissaient les glaciers par des barrages.

L’énergie éolienne va également augmenter rapidement : les capacités installées actuellement en Chine ne sont que de 1,3 GW, moins de 2% de celles en place dans l’UE.

Elle a aussi commencé à investir dans les technologies du « charbon propre ». En mars 2008, elle a signé un accord de coopération avec l’Australie pour installer une usine pilote pour le piégeage et le stockage du carbone (technologies CSS).

Si ce test réussit, elle veut rendre obligatoire ces technologies CSS pour toutes les nouvelles centrales au charbon, si d'autres pays comme l’Australie, les Etats-Unis, l’UE et la Russie le décidaient eux aussi.

Cela marquerait une avancée importante dans la réduction des émissions de CO2. Mais comme l’électricité tirée du charbon deviendrait plus chère à produire, de telles mesures ne sont guère probable avant 2020.

La Chine veut aussi accroître sa production d’énergie nucléaire, mais prudemment.

Que devrait donc faire l’UE pour encourager la Chine dans ses efforts de réduction des émissions de CO2 ?

D’abord, engager un dialogue bilatéral régulier avec la Chine, ce qui pourrait aussi pousser les Etats-Unis à faire d’avantage dans ce domaine.

Ensuite, soutenir les investissements dans le cadre du mécanisme de développement propre (CDM) instauré par le Protocole de Kyoto.

Les entreprises de l’UE sont déjà impliquées dans quelque 500 projets en Chine portant sur l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables. Ils représentent des investissements totaux de 5 milliards d’euros, ce qui peut sembler beaucoup mais n’est qu’une goutte d’eau dans les 100 milliards d’euros dont la Chine a besoin d’ici 2020.

L’UE doit donc aider à abonder amplement le futur “Clean Development Fund”.

Enfin, elle doit accélérer la création d’un Institut des énergies renouvelables (Institute for clean and renewable energy, ou ICARE) et y faire participer les grands centres de recherches et entreprises européens.

Parmi ses priorités, l’Institut devra promouvoir les bâtiments économes en énergie en Chine, qui construira en masse dans les années à venir".

0 commentaires: