Le secteur du tourisme est doublement menacé par le réchauffement climatique. Il doit d'abord réduire d'urgence ses émissions de CO2 : il est à l’origine d'environ 5% des émissions mondiales, selon un rapport (en anglais) de l’Organisation mondiale du tourisme (UNWTO).
Mais il doit aussi se préparer à de profonds bouleversements liés à la hausse des températures sur la planète : certaines régions risquent de devenir moins attractives comme destinations de vacances (Alpes, côte méditerranéenne) quand d’autres pourraient tirer leur épingle du jeu (sud de l’Angleterre).
A court terme, le haut niveau des émissions de CO2 est le problème le plus crucial. Depuis 1950, le nombre d'arrivées de touristes internationaux (l'unité de mesure utilisée dans le secteur) progresse de 6,5% par an dans le monde. Il s'élevait à 898 millions en 2007. Un chiffre qui pourrait passer à 1,6 milliard en 2020, au plus tard.
Le transport génère 75% des émissions de CO2 du secteur, dont 40% sont imputables à l’aérien. Si rien n’est fait et en restant sur un rythme de croissance de l'ordre de 4% par an, les émissions de CO2 du secteur pourrait bondir de 161% d'ici à 2035…
Les solutions existent : recherche d’une meilleure efficacité énergétique via des innovations technologiques, recours aux énergies renouvelables, mutation entre les modes de transport pour favoriser les moins polluants… Selon les experts de l’Organisation mondiale du tourisme, si toutes ces solutions sont appliquées, les émissions de CO2 pourraient être réduites de 68% en 2035 avec le même rythme de développement du secteur.
A moyen terme, le tourisme va aussi être bouleversé par le réchauffement climatique à plusieurs niveaux :
- L’augmentation des températures va rendre certaines destinations moins attractives : s’il y a moins de neige dans les Alpes, les stations de ski seront désertées (malgré la neige artificielle). En Australie, la célèbre grande barrière de corail risque de blanchir et de perdre son intérêt. Certaines régions deviendront trop chaudes pour une partie des touristes (côte méditerranéenne) au profit d’autres lieux aujourd’hui boudés (sud de la Grande-Bretagne, du Canada…). Une gigantesque redistribution des cartes pourrait s'opérer.
- Des effets indirects sont à prévoir : les ressources en eau seront appauvries dans certaines régions, de même que la biodiversité.
- L'effet des politiques visant à réduire les émissions de CO2 va se faire sentir : les touristes pourraient privilégier des destinations plus proches et des séjours plus longs.
- Un risque de perte de pouvoir d'achat des consommateurs : selon le rapport Stern, un réchauffement climatique limité à 1 degré celsius peut être bénéfique au PIB mondial. Au-delà, la croissance économique pourrait souffrir et affecter le niveau de vie des populations. Ce qui ne manquerait pas d’avoir des conséquences rapides sur le tourisme.
Les grands tour opérateurs mondiaux devraient pouvoir s’adapter à cette révolution, les prestataires locaux des destinations menacées auront plus de mal.
jeudi 19 juin 2008
Tourisme et réchauffement climatique, la double peine
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