L'Inde pourrait bien devenir un des leaders mondiaux des technologies de l'environnement, tout simplement parce qu'elle n'a pas le choix, et attire des investissements en forte croissance dans ce secteur, selon un rapport du Cleantech Group.
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Les investissements totaux dans les cleantech, toutes sources confondues, ont décuplé entre 2006 et 2007, passant de moins de 200 millions de dollars à 2,4 milliards, gonflés par un investissement majeur du producteur indien d'éoliennes Suzlon, l'un des leaders mondiaux, qui a racheté pour 1,9 milliard de dollars son concurrent allemand RePower en 2007.
Pour l'Inde, l'enjeu est vital : sans réduction des émissions de CO2, l'avenir du pays, où vit 16% de la population mondiale avec seulement 4% des ressources en eau, est plus qu'inquiétant.
D'ici 2030, la fonte des glaciers de l'Himalaya assèchera le Gange, qui fournit eau et irrigation à 500 millions de personnes, la hausse du niveau des mers menace des dizaines de millions de personnes sur les côtes et dès 2020 l'eau potable se fera trop rare pour les habitants, et la température y augmentera davantage que dans le reste du monde, perturbant la mousson, selon la Banque mondiale et le rapport de l'ONU 2007.
Voila pourquoi l'Inde se bat contre le réchauffement, avec un paradoxe : elle est à la fois l'un des pays où les émissions de gaz à effet de serre augmentent le plus vite (+65% en 5 ans, le 2ème taux derrière la Chine), à cause d'une croissance économique de 8% par an, mais aussi l'un des plus actifs dans les greentech, avec un savoir-faire notamment pour les zones rurales.
Les investissements des seuls capitaux-risqueurs dans des projets "green" en Inde ont plus que doublé en 2007, à 290 millions de dollars contre 140 millions en 2006, rattrapant presque les montants investis en Chine. Les investisseurs ont surtout misé sur les énergies renouvelables -- éolien surtout, et solaire -- qui ont reçu 36% des fonds. Ils croient à un boom similaire à celui de la high-tech en Inde.
Certains capitaux-risqueurs deviennent des acteurs importants en Inde, comme le fonds Khosla Ventures, le Global Environment Fund, Barings Private Equity, 2i Capital et IDFC Private Equity.
En 2007, parmi les transactions divulguées, le plus gros montant a été obtenu par le producteur de cellules solaires Moser Baer Photo Voltaic, qui a reçu 100 millions de dollars de GIC Special Investments, CDC Group et d'IDFC Private Equity. Moser Baer, à l'origine un fabricant de disques compacts qui s'est diversifié dans les équipements solaires, a investi dans des start-up américaines et compte entrer en Bourse sur le Nasdaq américain.
Vient ensuite le fabricant d'éoliennes Vestas RRB India, filiale du danois Vestas, le leader mondial qui détient 25% du marché mondial des éoliennes. Vestas RRB India a reçu 54 millions de la banque d'affaires américaine Merrill Lynch.
Troisième plus gros bénéficiaire de fonds, l'industriel de l'énergie ICSA, qui a reçu 52 millions de dollars des banques Citigroup et Goldman Sachs. Le spécialiste des énergies renouvelables Auro Mira Energy (vent, biomasse, hydro) a lui reçu 50 millions du fonds Barings Private Equity et le producteur de biocarburants Praj Industries a obtenu 29,3 millions des fonds Khosla Ventures, Kleiner Perkins et Caufield & Buyers.
Au plan international, l'Inde est déjà le 2e pays vendeur de crédits-carbone prévus par le mécanisme de développement propre (MDP) du Protocole de Kyoto -- permettant aux pays développés de compenser leurs émissions en finançant des projets de réduction des émissions de CO2 dans les pays en développement. Des centaines de projets indiens en profitent.
Mais si les projets indiens sont les plus nombreux à avoir reçu des fonds -- 294 sur les 852 projets mondiaux à fin octobre 2007 -- ce sont aussi des projets modestes car en montant de crédit, l'Inde n'en a perçu que 20%, contre quelque 70% pour la Chine, qui attire davantage les gros investissements.
Autre moteur, le gouvernement indien vise 10% d'énergie renouvelable dans 5 ans dont 4% à 5% de la production électrique, dans un pays où les besoins en énergie devraient être multipliés par 5 d'ici 2030, croissance et démographie obligent.
L'inde est déjà l'un des 5 premiers marchés mondiaux pour les éoliennes.
Le pays compte maintenant installer des capacités de production d'énergie supplémentaires de 70 GigaWatt dans les 5 ans, en plus des 135 GW déjà installés, et sur ce total environ 20%, soit 14,5 GW, devraient provenir d'énergies renouvelables.
Elle prévoit ainsi de faire passer ses capacités d'énergie éolienne de 7,7 GW actuellement à 17,5 GW en 2012, et ses surfaces de panneaux solaires de 3 MW par km2 à 136 MW par km2. Sa production hydraulique passera de 2 GW à 3,4 GX.
Atteindre ce but coûtera cher : Cleantech Group calcule qu'il faudra 19 milliards de dollars d'investissement au total, dont 15 milliards de dollars investis dans l'éolien et 2 milliards dans les petites centrales hydro-électriques.
Et les besoins en eau de l'Inde y créent un marché du traitement des eaux évalué à 420 millons de dollars, qui va croître de 15% à 20% par an ces prochaines années.
Quelques grosses entreprises émergent au niveau mondial : le groupe indien Suzlon, l'un des plus gros fournisseurs d'éoliennes au monde -- le groupe revendique 10,5% du marché mondial --, prévoit d'investir 1,5 milliard de dollars pour tripler sa capacité de production d'ici 2009. Le producteur d'électricité et vendeur de crédits-carbone Greenko, qui s'est introduit en Bourse fin 2007 et a levé 64 millions de dollars, a récemment racheté 8 sociétés pour agrandir sa taille.
Commentaires de Green Univers :
L'auteur du rapport, le CleanTech Group, un groupe américain de recherche sur le secteur, s'intéresse de près aux possibilités de l'Inde, d'autant qu'il a été cofondé par le célèbre investisseur Vinod Khosla, né en Inde, et qui, après avoir été un gourou de l'internet et cofondé Sun Microsystems, est devenu un passionné de l'investissement vert, comme avec lui de nombreuses autres stars des high tech.
Un bémol cependant : les VC intéressés par les greentech ne trouvent pas suffisamment de sociétés indiennes viables où investir. “Nous voulons investir sur ce secteur mais nous avons du mal à cibler des sociétés qui nous intéressent assez. Nous recherchons des innovations crédibles et des talents d'exécution mais nous n'en avons pas trouvé beaucoup", a commenté dans une interview l'investisseur Alok Mittal, de Canaan Partners.
samedi 14 juin 2008
L'Inde, condamnée à réussir dans les greentech
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